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mercredi 11 novembre 2015

L'adolescence, une fleur en bouton


L’adolescence vient d’un mot latin qui veut dire CROITRE. Ni enfant, ni encore adulte, c’est un être en construction, malléable, influençable, infiniment fragile. Il n’est pas encore autonome mais contient en lui plein de graines de possible. Nous n’avons envers lui qu’une seule responsabilité : lui donner tous les outils nécessaires pour qu’il puisse trouver lui-même des réponses adaptées, des réponses aux questions que la Vie ne manquera pas de lui poser. Pour qu’il puisse amener sa propre note de musique dans le grand orchestre qu’est l’univers ! Sa propre couleur dans la palette du grand peintre, sa propre vibration.



On peut dire qu’être adulte signifie avoir une personnalité intégrée qui gouverne notre corps harmonieusement en se mettant progressivement au service de notre âme. Notre corps est formé de trois parties qui s’emboîtent comme des poupées russes. Chaque partie va s’affirmer et se développer dans une période donnée de notre vie.

D’abord c’est le corps physique : jusqu’à 7 ans l’enfant va consacrer toutes ses forces, sa volonté, à maîtriser au mieux ce corps physique qui lui permet son incarnation terrestre. Il va apprendre à tenir sa tête, puis tenir assis, debout puis marcher, courir, sauter, danser : il va contrôler ses sphincters. Enfin, il va apprendre à utiliser toutes les facettes de ce costume physique pour le valoriser au mieux et certes, ce n’est pas toujours facile : 208 os, des centaines de muscles. Pour aider cet apprentissage, l’enfant va tourner ses sens vers l’extérieur et découvrir ainsi de plus en plus finement à travers son corps le monde qui l’entoure. A cette période de la vie, l’enfant vit au présent, il vit les événements, les expérimente mais il n’a pas encore conscience de ce qu’il fait. C’est notre conscience à nous, parents, qui le porte. Souvent s’il fait une bêtise, nous lui disons : “mais te rends-tu compte de ce que tu as fait ? As-tu seulement conscience de ce que tu fais ?” L’enfant nous regarde hébété : autant de mots sans sens, insensés pour lui. Lui il vit juste dans son corps physique, ses désirs sont ceux de ses parents pour lui : ils ont froid, faim, soif, autant pour lui…

De 7 à 14 ans environ, l’enfant va justement apprendre à développer son corps émotionnel, c’est-à-dire son senti, son affect, ses émotions, ses désirs propres. A cette période-là, s’il fait une bêtise, que sa mère attristée le gronde, lui peut répondre qu’il n’est pas triste, que ça ne le dérange pas. Il affirme ainsi progressivement son corps émotionnel mais il garde profondément en lui le code familial avec ses principes, ses rituels, ses interdits. Car il est pétri de ça aussi ! Comme il n’a que très peu encore développé sa faculté de discernement entre ce qui est bon ou non, bien ou non, utile ou non pour lui, il s’appuie toujours sur ses lois familiales avec aussi ses non-dits.

Tout cela, il va commencer à le remettre en cause non sans fracas, à l’âge de l’adolescence. L’adolescence marque le passage d’un être à deux corps, physique et émotionnel, à un être à trois corps avec le développement du mental. Le mental est bien différent de l’intelligence. L’intelligence nous permet de trouver des réponses adaptées à un problème concret, avec un esprit analytique, mathématique, synthétique. Le mental, lui, permet de capter des idées abstraites, des intuitions qui vont nous permettre de chercher un sens à ce que nous vivons. A cet âge-là, c’est le début des dissertations en classe.

L’enfant va donc passer là une période importante, incontournable où chaque idée, chaque concept, chaque règle va être revu et corrigé par lui. Ces règles, ces lois pouvant être celles de la mère, du père, du village, de la patrie… jusqu’à présent, il pouvait dire oui sans broncher au “parce que c’est comme ça !”, “un point c’est tout !”, “ne discute pas !”.

Maintenant revient en lui le mot qu’ont les tous petits de 3-4 ans quand ils répètent inlassablement des “pourquoi ?”. Mais ces “pourquoi”-là ne sont pas forcément émis verbalement. Il tourne la question dans sa tête, la retourne et va chercher une réponse raisonnée cette fois, utile, vraie. S’il ne la trouve pas seul, il va la chercher dans la force du groupe qu’il côtoie, que ce soient les copains de classe, le club de sport, le groupe de musique.

S’il ne trouve toujours pas de réponse, il va expérimenter le problème lui-même ou prendre souvent immédiatement le contre-pied de ce qu’on lui a demandé. Il fait l’inverse au grand dam des parents et éducateurs qui, bien souvent, ne voient-là qu’un défi, une confrontation, un conflit à réprimer au plus vite !


Pourtant si nous savions seulement ce que cette démarche-là, de l’adolescence, a d’essentiel ! Nous respecterions mieux cette cohérence qui aide à former l’intégrité de ce corps mental, qui aide à CROITRE, à se trouver soi-même...

Dominique V., médecin


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