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jeudi 30 juillet 2015

Rituels dans le ventre de la bête




Ce sont le plus souvent des femmes qui organisent, planifient, préparent et désignent les événements ou les rites des passages marquants de la vie, et elles le font dans leurs contextes culturels religieux ou laïques. En généralisant, ce sont les femmes qui s’intéressent davantage à la spiritualité et qui s’impliquent personnellement dans les groupes, les relations, la communauté, et le lien familial. Les femmes acceptent avec empressement les occasions de créer et planifier un événement du cycle de vie, mais souvent, nous n’en considérons pas les messages sous-jacents, ni à qui l’événement profite en définitive. Sans cette conscience, un tel événement est souvent un rite de "grosse bouffe" : une fête illusoire qui laisse l’esprit vide.

En recherchant la face cachée de ces rituels, l’objectif n’est pas rendre coupables, honteux ou gênés, les personnes ayant participé à ces événements passés.  Nous pouvons les considérer comme des événements significatifs, importants, même beaux, dans nos vies. Pourtant ces rituels renforcent les valeurs de la culture dominante, et cela peut expliquer la sensation de vide que nous avons quand nous nous souvenons de certains d’entre eux.

Bien que l’on puisse analyser un petit échantillon de fêtes américaines courantes, nous pouvons examiner n’importe quel rituel avec la perspective nouvelle par opposition à certaines des occasions rituelle. C’est ce qu’a fait Ruth Barrett et sa réflexion sur les cadeaux est facilement transposable à notre "fête des mères" que voici :

BRIDAL SHOWER
Les fêtes de future mariée ou de future maman sont les seuls rassemblements rituels laïques axés sur le féminin pour les femmes hétérosexuelles en Amérique. En théorie, ces rassemblements seraient des occasions merveilleuses pour les femmes, de partager expériences et sagesse avec la future mariée ou la future maman. Mais ce sont souvent, en fait, des champs stériles d’opportunités ratées sans distinctions, car ces deux rites convergent généralement autour du superficiel, du commercial, et même du vulgaire.

Exemple : A l’une de ces occasions, les conversations qui suivirent le déjeuner concernaient les régimes pour perdre du poids et les derniers films à la mode, la mariée s’est assise au milieu d’un tas de paquets cadeaux brillants. Une invitée, carnet et stylo en main, a commencé la dictée. Pendant que la mariée ouvrait boîte après boîte, au grand plaisir des invités. Annette notait les remarques de Sally pour chaque cadeau, comme : "Oh j’avais vraiment besoin de ceci" au sujet d’un nouvel aspirateur, ou "c’est si grand et beau" pour un vase décoratif. Sally ne savait pas qu’Annette relirait plus tard ses mots avec une interprétation comique, faisant comme si c’était ses exclamations lors de sa lune de miel à son premier regard sur le pénis de son mari. La plupart des cadeaux qu’elle reçut étaient des articles pour nettoyer et cuisiner dans sa maison. Les seuls autres cadeaux offerts étaient de la lingerie sexy, offerte par ses amies, ce qui la fit énormément rougir.

Les femmes assistant à des fêtes comme celle-ci garderont le sentiment que les rassemblements de femmes sont stupides et infantiles. Pourquoi ces jeux idiots qui servent uniquement à restreindre les expériences entre femmes et à se voir mutuellement comme des enfants stupides ? Sommes-nous sensées être incapables de conversations matures et qui font sens ?

En définitive, par ces cadeaux, les amies et la famille de Sally réaffirmaient la définition patriarcale de la "femme", enseignant à Sally avec ces cadeaux symboliques, que son nouveau rôle était "cendrillon". La lingerie renforce le décret patriarcal qu’une bonne épouse doit toujours être sexuellement disponible pour son mari. En regardant de plus près les cadeaux, il apparaît qu’ils n’étaient pas vraiment pour Sally en fait : il s’agissait d’articles destinés aux soins et à l’alimentation de son futur mari. La fête elle-même n’était pas vraiment pour elle, mais à propos de ce qu’elle devait devenir pour quelqu’un d’autre. Sally, en tant que femme et personne humaine, fut rendue invisible par ses paires, beaucoup d’entre elles ayant subit avant elle la même perte d’identité. Les activités rituelles ont été réduites à des jeux qui maintiennent l’insignifiance des conversations, empêchant les femmes de partager vraiment leurs expériences authentiques de mariage et de vie de couple. Au milieu de cette inconscience collective, l’occasion du partage avec d’autres femmes d’un événement personnellement significatif a été perdue.

La fête nuptiale aurait pu proclamer la puissance de la sexualité sacrée, pour voir et adorer le Divin à travers l’autre. Malheureusement, cette fête nuptiale, sous sa forme habituelle dans notre culture populaire, a banalisé la relation de Sally et a rabaissé le caractère sacré de l’union sexuelle. Et si, au lieu des jeux futiles, les femmes plus âgées avaient osé échanger des conseils et explorer ensemble le sujet de l’amour de quelqu’un dans la durée ? Si elles avaient engagé des conversations constructives sur la manière d’être dans une relation saine et à long terme ; et discuté de la responsabilité et de la maturité nécessaire pour la maintenir.

Les femmes intériorisent souvent des sensations négatives en elles quand une relation prend fin ou quand la nature de cette relation change progressivement. Elles supposent que ce doit être de leur faute ; qu’il doit exister quelque faiblesse innée en elles si leurs partenaires viennent et s’en vont ; qu’elles sont trop réactives, trop sensibles, trop dramatiques, "trop tout".

Un rite de future mariée plus signifiant pour la femme pourrait affirmer les espérances réalistes de mariage et poser comme réalité que toutes choses changent, et que toutes relations évoluent comme les cycles changeants de la lune.


Extrait de  Women’s Rites, Women’s Mysteries de Ruth Barrett ( lien http://www.amazon.fr/Womens-Rites-Mysteries-Intuitive-Creation/dp/0738709247

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