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samedi 6 décembre 2014

Table ronde sur le Masculin Sacré



Pouvez-vous pour commencer nous dire quelques mots sur vous ?

Kamiko : Oui, bien entendu. Je suis un homme de 37 ans, de confession druidique polythéiste, philosophe à ses heures perdues et éducateur (pour le moment) puisqu’il faut se définir par sa fonction sociale.

J’aime tout et rien à la fois, dans le sens où tout m’attire mais je n’ai pas le temps pour tout faire. Ouvert à la discussion, fervent défenseur du débat houleux qui permet de trouver les limites de chacun et donc, de les repousser, je place l’intelligence et l’émotion au-delà de toute autre qualité. J’ai même la conviction que toutes les autres qualités, ainsi que les défauts, découlent de la graduation que l’on fait de ces qualités primaires…

Docteur Arborescent : Je suis un homme de 48 ans, je vis en couple et je suis père de deux enfants. Je suis professeur d’Histoire-Géographie dans un lycée Lyonnais. Je suis Païen depuis mon adolescence, mais je «navigue» dans le milieu Païen depuis un an environ ; je suis à l’origine du réseau de rencontres Fleur de Lyon, et co-fondateur des «Cafés Païens Lyonnais». Ma tradition est Gréco-Romaine, et je suis plutôt reconstructionniste, mais je suis attaché au dialogue entre les traditions.

Xael : Écrivain et artisan, je suis aussi professeur particulier. Très bavard mais n’aimant pas les étiquettes, j’ai du mal à résumer sans faire tout un roman. Je m’intéresse à l’ésotérisme et la spiritualité de façon active depuis plus de dix ans. Sur la Toile depuis plus de cinq ans (mais pas toujours très régulier), j’ai longtemps pratiqué en solo. Depuis peu, je fais partie d’un cercle monté avec des amies. Chamanisme, Runes, fées, méditation, yoga, reiki et j’en passe, je vais là où mon coeur vibre. Tout en écoutant mes rêves, je m’exerce à garder au maximum un esprit critique et tolérant. Avoir un pied dans chaque monde, voilà ma devise.

le masculin sacré ?

Kamiko : Je dirais que ça ne veut rien dire en soi. On ne peut le définir que parce que le «féminin sacré» existe(rait). Par conséquent, si l’un EST, l’autre EST nécessairement aussi. Mais je crois qu’en donner une définition claire reviendrait à en galvauder le sens. Cependant, et afin de rester dans une ligne directrice de réponse et d’honnêteté, je donnerai ma vision des choses qui revient peu ou prou à celle-ci : le masculin sacré représente la totalité des outils qui permet aux hommes de retrouver un sens spirituel à leur vie.

Docteur Arborescent : Je définis le Masculin Sacré, quant à moi, comme la sacralité spécialement liée au genre masculin, à savoir au symbolisme du phallus, par exemple, ainsi qu’à celui de la paternité ; mais ce n’est pas exclusif. Dans ma tradition, le Masculin Sacré s’est exprimé particulièrement à travers certaines figures divines comme Zeus, Arès, Mithra ou Dionysos, par exemple...

Xael : L’une des deux polarisations principales de l’énergie divine de vie, de la force universelle. Selon moi, elle s’exprime en tout. Dans sa version sacrée, je la vois équilibrée. Sur le plan matériel, je dirais que l’équilibre est... en potentiel ! 

Qu’est-ce qui vous a mené vers l’étude du masculin sacré ? Y a-t-il des personnes, des lectures ou des évènements qui vous ont marqués ?

Kamiko : Plusieurs choses m’ont mené au masculin sacré : la vie déjà, le fait d’avoir été élevé majoritairement par des femmes m’a automatiquement fait me poser des questions sur ma propre masculinité. Certains livres aussi, comme «L’homme sauvage  et l’enfant» de R. Bly et puis l’étude de l’histoire et des conflits sexuels (IVG, féminisme, chasse aux sorcières, spiritualités antiques, survivances des mystères) et des croyances diverses dans lesquelles apparaissent des concepts sexués.

En revanche, les lectures comme «Mars et Vénus» sont à mon sens l’antithèse même de la reconnexion à soi et à l’autre...

Docteur Arborescent : Je ne peux pas dire que le Masculin sacré soit ma spécialité : je ne l’étudie pas particulièrement par rapport à d’autres notions. Mais ma quête spirituelle a été particulièrement influencée par la lecture du livre «Shiva et Dionysos» d’Alain Daniélou.

Xael : La même chose qui m’a mené vers l’ésotérisme et la spiritualité : la perception qu’une autre vérité se cachait derrière tout ce qu’on pouvait nous montrer ou nous enseigner. La différence est une véritable richesse qui nous pousse, lorsque nous l’assumons, à sortir des sentiers battus. Je ne me reconnaissais pas dans l’image qu’on me renvoyait des hommes, des garçons en général. Je ne me retrouvais pas dans bon nombre de stéréotypes et pourtant je me sentais bien avec moi-même.

J’ai commencé à m’intéresser à la psychologie très tôt et, tout en essayant de mieux me comprendre, j’ai passé beaucoup de temps à essayer de comprendre les autres, à voir ce qui se cachait derrière les apparences en les voyant évoluer. J’ai assez vite réalisé que les gens n’étaient pas des étiquettes même s’ils acceptaient de les porter. Après le concept purement psychologique, j’ai voulu creuser plus loin et je me suis penché sur la dimension spirituelle du masculin. J’ai travaillé avec les livres de Paule Salomon, je me suis tourné vers la pratique et la philosophie du tantra. Avec les premiers, j’ai trouvé des réflexions sur lesquelles rebondir, avec les secondes, j’ai trouvé une voie d’harmonie pour épanouir tant les énergies féminines que masculines que je sentais en moi. Par la suite, les choses se sont enchaînées et m’ont conduit à explorer le féminin et le masculin sacré au travers de différentes pratiques ésotériques.

Comment se manifeste pour vous le masculin sacré ?

Kamiko : Il ne se manifeste que de façon intérieure. On ne le «voit» pas. Non pas parce qu’il est invisible mais, à mon sens, parce que sa manifestation s’étend à la fois de façon topographique et spirituelle sur une durée et une distance telle qu’en tant qu’humain, on ne peut pas appréhender réellement ce qu’est cette «force» inhérente à l’univers. Au même titre que le féminin sacré, s’entend. Au même titre que d’autres forces. Pourtant, je crois foncièrement que le masculin sacré, avant que de n’être une force, n’est qu’une idée. Une idée qui s’est nourrie de nos questions. Un égrégore, en somme.

Docteur Arborescent : Le Masculin Sacré se manifeste d’abord pour moi comme la sacralité de ma propre sexualité, et ensuite dans mon rôle de père ; secondairement dans le rôle que peut jouer pour moi le Dieu dont je suis le suivant (Hermès Dionysophore) dans la mesure où Il joue un rôle particulier dans la manière qu’on peut avoir de penser l’identité masculine en termes théologique.

Xael : A travers chaque chose : les relations, les activités, les pensées, les émotions.
Chez une personne, je dirais que l’énergie se retrouve sur différents niveaux : au niveau corporel, au niveau psychique et au niveau de ce que j’appelle l’âme (qui va au-delà de la personnalité, on pourrait l’appeler essence intime pour les personnes qui n’aiment pas le concept d’âme).

A un niveau plus pratique, c’est une énergie que je ressens comme droite (sans mauvais jeu de mot), reliant le haut au bas, guidant, concentrant, concrétisant et rayonnant. Je retrouve le masculin sacré dans les qualités de confiance, d’organisation, d’intégrité. Pour moi, le féminin sacré est une énergie infinie, intuitive ; en parallèle, le masculin sacré précise et conscientise. Je vois le masculin sacré comme un élan, une recherche de la vertu, d’un idéal, une construction d’une harmonie (le féminin étant harmonieux par essence).

Pouvez-vous détailler des pratiques liées au masculin sacré ?

Kamiko : Tout ce qui a trait au mouvement et à l’éphémère. On rencontre particulièrement l’énergie du masculin sacré dans le sport, par exemple. Il s’agit d’une force fugace et intense, fatigante, mais qui emplit d’un sentiment de puissance et de possible qui ne tarde pas à disparaître…

En ce qui concerne les activités plus spirituelles, je dirais que (étrangement), le meilleur moyen d’avoir accès au masculin sacré, c’est par le biais de la sexualité. Ainsi, on le ressent. Qu’on soit homme ou femme, l’énergie est presque palpable à cet instant.

En revanche, je ne me hasarderais pas à détailler une quelconque pratique spirituelle magique, dans la mesure où chacun ayant ses croyances, je ne me crois pas plus habilité qu’un autre ou qu’une autre à détailler ce que je pense être à même de dévoiler cette part de masculinité. Les choses qui fonctionnent pour moi ne fonctionnant pas forcément pour les autres.

Docteur Arborescent : Je n’ai pas de «pratiques» particulières liées au Masculin Sacré.

Xael : Tout d’abord l’introspection et l’auto-analyse : faire face à ses paradoxes, ses peurs, ses faiblesses. Cette démarche ne demande pas que de l’énergie masculine mais elle me semble nécessaire. J’ai donc beaucoup travaillé avec l’image du père dans un premier temps : celui que j’avais eu, celui que j’aurais voulu avoir, celui que je voulais être et les attentes/attitude que je pouvais avoir face à l’énergie masculine dans sa dimension sacrée. J’ai aussi travaillé avec le concept de violence. Ça m’a permis de distinguer les principes d’énergie, de force, d’intensité, de fermeté de ceux de brutalité, maladresse, tyrannie.

A niveau plus subtil, j’ai beaucoup médité sur et avec l’énergie de Merlin. Ça m’a poussé à explorer différentes facettes du masculin, revenir sur le féminin, le masculin, les deux etc.
De façon plus spontanée et ponctuelle, j’ai aussi travaillé avec les énergies d’Odin, Tyr, Thor, Frey, l’homme vert et des entités que j’aurais du mal à associer à un panthéon quelconque. Cependant, le plus souvent lorsque je médite sur le masculin dans sa dimension divine, je m’axe sur un ressenti et j’évolue énergétiquement vers lui. C’est une pratique que j’ai abordée de moi-même, ce qui fait que je peinerais à la décrire avec des termes précis. J’ai aussi beaucoup travaillé avec le concept d’Epée de lumière (une image forte qui s’est imposée à moi par le rêve et la méditation à plusieurs reprises). Selon mon ressenti, je trouve qu’elle symbolise parfaitement l’énergie du masculin sacré. Je ne la vois pas comme une arme mais comme une énergie qui rayonne avec intensité et détermination.


Nataša Ilinčič  http://natasailincic.blogspot.it


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