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lundi 29 septembre 2014

Lorsque le Féminin était vénéré


La découverte de nombreux récits attestant l'existence de divinités féminines, Créatrices de l'Univers, fut pour moi une révélation surprenante. On attribuait à ces divinités, non seulement la naissance du premier peuple, mais la création de la terre entière et des cieux qui la recouvrent. On retrouve la trace de l'existence de ces Déesses à Sumer, à Babylone, en Égypte, en Afrique, en Australie et en Chine.

En Inde, on honorait la Déesse Sarasvati qui avait inventé le premier alphabet, et en Irlande celtique, la Déesse Brigit était considérée comme la patronne du langage.

Certains textes nous apprennent qu'à Sumer, c'est à la Déesse Nidaba qu'on attribuait l'invention des tablettes d'argile et de l'art de l'écriture. Elle était vénérée longtemps avant les autres divinités mâles qui L'ont supplantée par la suite. Le scribe officiel du panthéon sumérien était une femme; et ce sont les tous premiers exemples d'écriture que l'on a retrouvés qui présentent les évidences archéologiques les plus significatives. Ils ont été découverts également à Sumer, dans le temple de la Reine du Ciel à Érech, et datent de plus de cinq mille ans. Bien qu'on pense généralement que l'écriture est une invention de l'homme, l'ensemble des informations ci-dessus nous offre un argument des plus convaincants pour prétendre que ce fut probablement une femme qui traça dans l'argile humide les premiers idéogrammes.

Il est reconnu que le développement de l'agriculture, activité qui prolongeait le travail de cueillette, est le fait des femmes. En accord avec cette théorie, on retrouve partout des divinités féminines à qui l'on attribuait ce cadeau fait à la civilisation. En Mésopotamie, où l'on trouve les premiers signes d'un développement agricole, on adorait la Déesse Ninlil qui avait transmis à Son peuple la connaissance du processus des semailles et de la récolte. Dans presque toutes les régions du monde, des divinités féminines étaient vénérées pour leurs vertus de guérisseuses; c'est à Elles qu'on devait les herbes, les plantes, les racines médicinales et autres remèdes, et c'est pourquoi les prêtresses de leurs sanctuaires jouaient le rôle de médecins envers les fidèles.

Certaines légendes décrivent la Déesse comme une forte et valeureuse guerrière, dirigeant ses troupes au combat. C'est ce dernier trait de la Déesse qui semble être à l'origine des nombreux récits de femmes guerrières, que les Grecs de la période classique nommaient des Amazones. Si l'on examine en détail les récits qui témoignent de l'estime que les Amazones avaient pour cette Déesse guerrière, il apparaît clairement que ces femmes s'adonnaient à la chasse et à la guerre en Libye, en Anatolie, en Bulgarie, en Grèce, en Arménie et en Russie. Nous sommes bien loin des mythes fantaisistes auxquels bien des auteurs contemporains ont voulu nous faire croire.

Je ne peux m'empêcher de remarquer à quel point la mentalité de l'époque préhistorique et celle des tout débuts de l'histoire sont éloignées des conceptions contemporaines en ce qui a trait aux capacités intellectuelles des femmes. En effet, presque partout, la Déesse était considérée comme une sage prophétesse et une conseillère avisée. Dans les légendes pré-chrétiennes d'Irlande, Cerridwen, la Celte, était Déesse de l'Intelligence et de la Connaissance. Dans les sanctuaires de la Grèce pré classique, les prêtresses de Gaia dispensaient la sagesse de la révélation divine, tandis qu'on invoquait la grecque Déméter et l'égyptienne Isis lorsqu'il s'agissait de légiférer, d'obtenir des conseils ou de rendre la justice.

En Égypte, Maat représentait l'ordre, le rythme et l'intégrité de l'univers. En Mésopotamie, Ishtar était le Guide du Peuple, la Prophétesse, la Reine du Futur; et dans la ville de Nimroud où l'on vénérait Ishtar, les recherches archéologiques ont démontré que des femmes détenaient les postes de juges et de magistrats à la cour.

 Les mythes véhiculent certaines idées qui orientent notre perception des choses et conditionnent notre pensée, et même notre sensibilité, d'une manière bien particulière. Ils agissent encore plus fortement sur nous lorsque nous sommes jeunes et impressionnables.

Ils mettent en scène des personnages qui ont été récompensés ou bien punis pour leurs comportements, et nous apprenons à voir en eux des exemples à suivre ou à éviter. Combien d'histoires nous a-t-on raconté dans notre plus jeune âge, qui ont profondément influencé nos comportements et notre compréhension du monde et de nous-mêmes? C'est à partir de ces fables et de ces paraboles entendues au cours de notre enfance que nous avons développé une éthique, des notions de morale, une conduite, des valeurs, un sens du devoir et même un sens de l'humour.

C'est à travers ces contes, reflets de notre société, que nous avons appris ce qui est socialement accepté. Pour ceux qui leur accordent une signification, les mythes définissent le bien et le mal, ce qui est juste et ce qui est injuste, ce qui est naturel et ce qui est contre nature. Il est donc évident que les mythes et les légendes issus d'une religion où l'on vénérait des divinités féminines pour leur sagesse, leur courage, leur force et leur sens de la justice présentaient une image de la féminitude bien différente de celle que nous offrent aujourd'hui les religions à dominance masculine.

 EXTRAIT DE QUAND DIEU ETAIT FEMME de Merlin STONE "La découverte de la Grande Déesse, source du pouvoir des femmes".


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