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lundi 29 septembre 2014

LA VIE DES FEMMES, LÀ OÙ DIEU ÉTAIT FEMME


QUELLES FURENT LES CONSÉQUENCES
du culte d'une divinité féminine sur le statut social
des femmes de cette époque?


Il serait facile de l'expliquer par une relation de cause à effet simpliste, du genre: si l'on vénérait une déesse, les femmes devaient avoir un statut social très élevé; ou encore, c'est parce que les femmes occupaient un rang élevé qu'on adorait une déesse. Bien que ces deux facteurs soient étroitement liés, si l'on en juge d'après notre civilisation patriarcale, on doit néanmoins considérer d'autres points de vue sur la question, même ceux qui confondent cause et effet ou qui décrivent de façon linéaire des événements simultanés. Car notre but est d'arriver à une compréhension aussi claire que possible du rapport entre la religion et le statut des femmes.

 M. et M. Vaerting, auteurs de The Dominant Sex (Allemagne 1923), ont émis l'hypothèse que le sexe de la divinité est déterminé par le sexe de ceux qui détiennent le pouvoir.

«Le sexe dominant, ayant le pouvoir de diffuser ses propres points de vue, tend à répandre son idéologie spécifique. Si les tendances du sexe dominé vont à l'encontre de cette idéologie, elles seront vraisemblablement éliminées, d'autant plus énergiquement que le sexe dominant est plus puissant. En conséquence, l'hégémonie des divinités masculines accompagne en général une domination sociale des hommes, et l'hégémonie des divinités féminines une domination des femmes.»

Sir James Frazer affirme, quant à lui, que c'est le statut élevé des femmes qui est à l'origine de l'adoration et du culte rendus à la divinité féminine. Il cite la tribu des Pelew en Micronésie, où les femmes jouissent d'un statut politique et social supérieur à celui des hommes.

«Dans cette tribu insulaire, écrit-il, on a expliqué la prééminence des déesses sur les dieux, de façon juste, par la grande importance accordée aux femmes dans les structures sociales de ce peuple.»

D'après Robertson Smith, le sexe attribué à la divinité suprême était lié au sexe de celui, homme ou femme, qui détenait l'autorité au sein de la famille. Il  suggère que l'identité sexuelle du chef de famille déterminait celle de la divinité suprême, selon le système de filiation en vigueur.

Ces quelques exemples illustrent la théorie selon laquelle le sexe de la divinité est prédéterminé par la domination d'un sexe sur l'autre — dans le cas de la Déesse, ce sont les femmes qui étaient prépondérantes dans l'organisation familiale et sociale. A côté de cette théorie, on trouve une foule d'explications pseudo romantiques sur la divinisation de la femme, symbole de fertilité pour l'homme, qui lui aurait voué un culte par peur de sa capacité magique de génitrice.

D'après Frazer, je l'ai dit, c'est le statut élevé des femmes qui est à l'origine du culte de la Déesse suprême.

Ses conclusions sont basées sur des années de recherche auprès des sociétés «primitives» et classiques, recherches qui l'ont amené également à relier le culte de la divinité au système de filiation matrilinéaire et au culte des ancêtres. «Partout où la déesse a la prééminence sur le dieu, et où les aïeules sont plus vénérées que les aïeux, existait presque toujours un système de filiation matri linéaire.»

C'est ce que constate également Robertson Smith, pour qui l'identité sexuelle de la divinité suprême est liée au système de filiation qui prévaut dans chaque société.

Quel que soit l'ordre dans lequel s'enchaînent ces différents facteurs, il en est un qui réapparaît continuellement dans les documents de l'époque historique relatifs au statut et au rôle des femmes dans l'ancienne religion féminine. Il s'agit du rapport étroit qui existe entre le statut des femmes et le système de filiation par la mère, ou matrilinéaire. En examinant la situation des femmes, nous étudierons donc attentivement ce système selon lequel le nom et les biens de la famille se transmettaient par la lignée des femmes.

La matrilinéarité, telle qu'on la définit générale ment, est une structure sociale au sein de laquelle l'héritage se transmet par les femmes, les fils, les maris ou les frères n'ayant accès aux titres et aux propriétés qu'à travers les liens qui les unissent aux femmes, qui en sont les détentrices légales. Filiation matrilinéaire ne veut pas dire matriarcat, qui signifie que le pouvoir est aux mains des femmes et plus spécifiquement de la mère.

Celle-ci, en tant que chef de la famille, régit aussi bien la communauté que les affaires gouvernementales.

Même si dans certaines sociétés, le frère de la femme détentrice des titres et des biens joue un rôle important, il est indéniable que les coutumes matrilinéaires et matrilocales ont affecté grandement le statut et la situation des femmes.


 EXTRAIT DE QUAND DIEU ETAIT FEMME de Merlin STONE "La découverte de la Grande Déesse, source du pouvoir des femmes".

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